Ammar Belhimer : « Le Hirak a terminé sa mission avec les élections présidentielles »

A la veille de l’annonce des résultats des élections législatives en Algérie, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a répondu ce samedi à une série de questions posées par la journaliste de Radio France internationale (RFI), Magali Legrange.

L’entretien diffusé ce matin dans l’émission invité Afrique, portait sur divers sujets comme le scrutin du 12 juin, le Hirak, les détenus d’opinion, la question mémorielle, et la situation au Mali.

« Dans ce renouvellement de la classe politique, est-ce que ce n’est pas un peu la fin du FLN, le parti historique qui était là depuis l’indépendance ? »

Du point de vue de Ammar Belhimer, c’est « peut-être » la fin du FLN en tant que structure mais pas en tant que représentation d’un courant. Selon lui, ce dernier incarne, avec le RND (Rassemblement national démocratique), « une tradition d’une guerre de libération qui a marqué ce pays ». Pour Belhimer ce courant « ne disparaîtra jamais ».

Le ministre a eu partiellement raison puisque le parti de l’indépendance s’est hissé dans le haut du classement des législatives avec 105 sièges, suivi par le Mouvement de la Société et la paix (MSP) qui occupera désormais 67 sièges. En troisième position on retrouve le RND qui a remporté quant à lui 57 sièges.

« Il y a un Hirak, un mouvement populaire, vous pensez que c’est fini ? comment évaluez-vous la situation ? »

Pour Mr. Belhimer, « le Hirak a terminé sa mission avec les élections présidentielles. Ce qui s’est produit après » c’est ce qu’il appelle le « néo-hirak », un mouvement qui aurait été, selon le ministre, « investi » par deux organisations « terroristes », le Rachad et le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie).

Pour rappel, les deux mouvements ont été classés par le Haut Conseil de sécurité comme étant des organisations terroristes. Ce qui justifie, toujours d’après Belhimer, l’interdiction des manifestations.

Concernant la question des détenus d’opinion, le porte-parole du gouvernement, est resté évasif quant à une éventuelle grâce présidentielle. Il s’est contenté de rappeler que le président Tebboune a déjà « pardonné » lors des dates importantes comme le 5 juillet et le 1er novembre.

« Deux jours avant les élections, des personnalités publiques, l’opposant Karim Tabbou, les journalistes Khaled Drareni et Ihsen El Kadi ont été interpellé. Pourquoi et quel est le message ? »

Incapable de fournir les raisons de ces arrestations, le ministre demande à la journaliste de poser la question « à qui a pris la décision » de les arrêter. Il poursuit en évoquant le message derrière ces interpellations, qui est celui de « respecter le droit des uns et des autres », il poursuit en donnant un exemple « vous n’avez pas le droit d’empêcher les gens de voter ».  La journaliste le reprend « mais c’était avant le vote » a-t-elle précisé. « Tout ce qui enfreint à la loi est condamnable… pénalement ou civilement sinon c’est l’anarchie » rétorque Ammar Belhimer.

« Concernant la relation entre la France et l’Algérie, on a l’impression qu’il y a une bonne entente entre les deux présidents, mais que derrière ça ne suit pas ? »

D’après Belhimer, ce qui bloque dans les relations algéro-françaises c’est « l’héritage du système colonial ». La solution à ce conflit selon le minisitre est que « la France reconnaisse sa responsabilité dans le génocide et le crime colonial, crime contre l’humanité. Reconnaissance de sa responsabilité, repentance. Et troisième « R » ; réparation des dégâts environnementaux, humains… » a-t-il indiqué.